Construisons ensemble la médecine du XXIème siècle
Il n'a échappé à personne que les GAFAM développent depuis quelques mois une offensive pour acquérir une souveraineté mondiale en matière de santé numérique. Les leaders d'opinion qui annoncent la mondialisation de la médecine grâce aux technologies numériques font recettes auprès des actionnaires du Nasdaq ou du CAC 40. L'Exchange Traded Fund (ETF) ou Trackers représente aujourd'hui quelques centaines de milliards de dollars ciblées sur le développement mondial de la télémédecine et de la santé numérique.(https://www.boursorama.com/bourse/actualites/lancement-d-un-etf-sur-la-sante-digitale-ca04e50b6aabc717a682a98adfff5f41).
Selon certains experts de l'e-santé qui s'expriment dans les médias et sur les plateaux de TV, la médecine deviendrait "un métier technologique, capitalistique et mondialisé". Les pays qui n'auraient pas acquis cette vision resteraient au stade d'une pratique "artisanale" de la médecine. La France et la "vieille" Europe sont considérées par ces mêmes experts comme attachées à une pratique artisanale de la santé. (https://www.mapbusiness.ma/a-la-une/medecine-du-futur-le-maroc-a-un-role-important-a-jouer). Nous sommes dans une époque où tout ce qui peut paraître inattendu ou totalement "disruptif" fait recette auprès des médias. Le "raisonnable" ou une démarche pratico-pratique ne fait plus audience sur les chaînes TV qui sont rivées à leur audimat.
L'ambition de la France d'acquérir la souveraineté numérique en santé est-elle vraiment une démarche "artisanale" ?
N'allons pas chercher ailleurs ce que l'on peut faire chez soi. C'est le message que nous envoie la Délégation du numérique en santé (DNS) (http://www.telemedaction.org/page:DEF3B580-D529-444A-BB85-F2BD08860DF4"bashing" (le dénigrement) de notre pays, estimant que tout est mieux ailleurs, en particulier dans une santé mondialisée par les GAFAM et les BATX. Nous sommes parfois arrogants, pensant que notre pays peut devenir un leader "mondial" dans telle ou telle innovation.
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Ophthalmologists and WhatsApp: Teleophthalmology is already here. Barayev E, Vorobichik Berar O, Dotan G, Skaat A, Gal-Or O, Gershoni A, Gaton D.Eur J Ophthalmol. 2021 Mar 15:11206721211002694. doi: 10.1177/11206721211002694. Online ahead of print.
Certains diront que tous ces pays ont raison de ne pas s'encombrer de nos solutions juridiques contraignantes, voire "artisanales", pour protéger les patients, en particulier leurs données personnelles de santé, et protéger aussi les professionnels de santé. WhatsApp est considéré par un grand nombre de personnes dans le monde comme un outil de communication très réussi. On rêve bien sûr d'un WhatsApp de la santé qui soit aussi performant que l'outil grand public.(http://www.telemedaction.org/446283095)
Grâce à la transformation numérique du système de santé, nous aurons des outils aussi performants que ceux des GAFAM, mais respectant la confidentialité des données. Les sociétés et start-ups du numérique en santé sont capables de les créer ou de les rénover. La balle est dans le camp des ingénieurs français et européens qui doivent coconstruire ces solutions avec les professionnels de santé et les patients.(http://www.telemedaction.org/449536030).
Nous reviendrons dans un prochain article sur les évènements juridiques du 31 mai et 5 juin 2021. Plus de 10 ans après le décret précisant les conditions de mise en oeuvre de la télémédecine, le décret sur le télésoin permet désormais à tous les autres professionnels de santé non médicaux (pharmaciens et auxiliaires médicaux) de pratiquer le soin à distance, dans leur champ de compétence, lorsque le présentiel n'est pas nécessaire. Après avoir reçu le consentement du patient.
Les conditions de réalisation de ces actes à distance sont les mêmes en télémédecine et en télésoin : l'usage de la videotransmission pour une relation humaine optimale, la responsabilité totale et entière du professionnel de santé pour juger de la pertinence ou non de l'acte à distance, l'obligation d'informer les patients sur les bénéfices et les risques de ces pratiques à distance et de recevoir leur consentement avant de la mettre en oeuvre, un remboursement des actes de télémédecine et de télésoin par l'assurance maladie d'un niveau identique à celui des actes en présentiel.
Autre avancée majeure, la possibilité donnée désormais à tous les professionnels de santé médicaux et non médicaux, qu'ils soient salariés du secteur public ou d'exercice libéral, d'échanger entre eux au cours de leur activité professionnelle pour renforcer leurs propres connaissances et prendre les meilleures décisions pour leurs patients. La téléexpertise comme outil d'échange entre les professionnels de santé remplacera les échanges clandestins par téléphone que le patient ignorait. Désormais la téléexpertise se fera au grand jour avec le consentement du patient concerné.
Qui peut dire que de telles avancées dans la transformation numérique de notre système de santé soient "artisanales" ? Cette télésanté française renforce la souveraineté numérique de notre pays.
8 juin 2021