Quelle télésanté pour les personnes handicapées, en perte d'autonomie ?


Avec la poursuite de l'allongement de l'espérance de vie au 21ème siècle, de plus en plus de personnes âgées deviendront dépendantes de l'aide d'une tierce personne. Sans cette aide, elles seront isolées et rencontreront des difficultés d'accès aux soins. La télésanté peut offrir des solutions complémentaires aux visites des professionnels de santé (https://www.telemedaction.org/422016875/453068582). Nous faisons le point dans ce nouveau billet sur cette importante question.

Nous recommandons la lecture de l'excellent rapport publié conjointement par la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie (SFGG) et la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie (CNSA) intitulé Prévention de la perte d'autonomie et bien vivre son avancée en âge. (https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/synthese_atelier_5_prevention_et_bien_vivre_son_avancee_en_age.pdf)

 

La population senior augmentera de 50% d'ici 2050


C'est la conséquence de l'allongement de l'espérance de vie qui est en 2022 de 80 ans pour les hommes et de 88 ans pour les femmes.

En 2016, l’espérance de vie en bonne santé, c’est-à-dire le nombre d’années qu’une personne peut compter vivre sans souffrir d’incapacité dans les gestes de la vie quotidienne, s’élève en France à 64,1 ans pour les femmes et à 62,7 ans pour les hommes. Elle est stable depuis dix ans.

Cette progression du nombre de senior est associée à un progression du nombre de personnes en perte d'autonomie, tant au domicile que dans les établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

La prévention de cette perte d'autonomie est un des challenges que doit affronter notre système de santé dans les 30 prochaines années.

Le maintien au domicile nécessite des organisations nouvelles et de nouveaux moyens financiers. La télésanté et la santé connectée peuvent contribuer au maintien au domicile.

 



Certaines régions françaises seront plus touchées.


Selon l'Insee (2021), les taux de prévalence de la perte d’autonomie sont plus élevés dans les départements du Massif central, alors qu’ils sont plus faibles dans la région francilienne et à l’Ouest.

Les seniors des DOM sont plus fréquemment en perte d’autonomie que ceux du reste de la France, alors qu’ils sont en moyenne plus jeunes.

Parmi les seniors de 75 ans ou plus, 8,8 % vivent en institution. Ceux des DOM, de Paris et de la Corse vivent plus souvent à domicile que ceux des départements de l’Ouest ou du Massif central.

Si les tendances démographiques et l’amélioration de l’état de santé se poursuivaient, la France (hors Mayotte) compterait 4 millions de seniors en perte d’autonomie en 2050, soit 16,4 % des seniors.

Les taux de prévalence de la perte d’autonomie augmenteraient fortement dans les DOM et dans le Sud-Est de la France, en raison des effets de structure démographique, alors qu’ils resteraient stables dans les Hauts-de-Seine ou dans la Creuse.

Pour maintenir constant le pourcentage de personnes en établissements pour personnes âgées en perte d’autonomie (Ehpad) par département, sexe, tranche d’âge et degré de perte d’autonomie, il faudrait que le nombre de places en hébergement permanent dans ces établissements augmente de 20 % d’ici à 2030 et de plus de 50 % à l’horizon 2050.

La télésanté contribue à la refondation de notre système de santé et au maintien à domicile (MAD) des personnes handicapées, en perte d'autonomie.


La téléconsultation programmée et assistée, alternée avec la visite ou la consultation présentielle du médecin, se fait par videotransmission avec le médecin traitant ou avec un médecin spécialiste. Les IDEL, les IPA, les pharmaciens d'officines sont autorisés à assister un patient lors d'une téléconsultation. 

La connaissance préalable du patient renforce la pertinence d’un acte à distance. La primo téléconsultation est recommandée par la HAS en cas de grand handicap. (https://www.telemedaction.org/432098221/453327732).

Dans les Ehpads, l’expérimentation art.51 d’une « clinique mobile de télémédecine » où des IDEL assurent l’organisation et l’assistance de la téléconsultation.(projet TokTokDoc).

Les « unités mobiles de télémédecine » actionnées par le SAMU pour des téléconsultations non-programmées et assistées au domicile ou en établissement. (https://www.telemedaction.org/423570493/452757672)

L'intérêt de Mon Espace Santé (MES) dans les pratiques de télésanté. Le nouveau DMP reçoit les comptes-rendus des actes de télésanté, ce qui constitue une avancée majeure pour les patients et une aide à la coordination des soins.

La téléexpertise requise auprès d’un professionnel médical par tout professionnel de santé ne peut être que facilitée par l’accès au DMP de MES du médecin requis.

Le télésoin programmé, alterné avec la visite présentielle du professionnel auprès de la personne handicapée, se fait par videotransmission.

La messagerie sécurisée santé (MSS) facilite les échanges du patient avec ses différents professionnels de santé. En cas d’illectronisme, la personne peut être aidée par un tiers de confiance. La pratique du télésoin doit toujours être précédée d’une visite en présentiel.

MES facilite la mise en place de la télésurveillance médicale avec un objet connecté ou un dispositif médical interopérable avec MES. Le professionnel de santé paramédical (IDEL, IPA, autre) aide la personne handicapée à utiliser ces objets connectés référencés dans le store de MES.


En conclusion, le grand défi des systèmes de santé d'ici 2050 est d'organiser le maintien au domicile des personnes âgées atteintes de maladies chroniques et dont un grand nombre évolue vers une perte d'autonomie avec l'allongement de l'espérance de vie. La télésanté et la santé connectée peuvent contribuer à la réussite de ce projet ambitieux. 


14 décembre 2022