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DISCUSSION
À notre connaissance, nous avons réalisé la première revue de la littérature sur l’utilisation des interventions de santé numérique et de télésanté dans le parcours de soins des patients de cancers, de leurs soignants et aidants ainsi que des prestataires de soins de santé.
La diffusion de l'usage de la santé numérique et de la télésanté pendant la pandémie de COVID-19 chez les patients atteints de cancer nécessitait une évaluation de l’état de cette nouvelle pratique, afin d’identifier les éventuelles lacunes sur la prestation de soins distanciels dans le cancer.
Notre revue de la littérature a révélé un corpus complet et récent d'études sur les interventions de santé numérique et de télésanté dans les parcours de soins du cancer.
Dans l’ensemble, la plupart des études se sont concentrées sur les interventions délivrées aux patients atteints de cancer dans les phases de traitement actif et de rémission à l’aide de programmes de santé électronique, d’appels synchrones par téléphone ou par vidéoconférence et d’applications mobiles.
Les conclusions communes tirées des articles de cette revue étaient que les interventions de santé numérique et de télésanté étaient faisables et efficaces, mais que la nécessité de tests d’efficacité à plus grande échelle et robustes restait nécessaire.
Néanmoins, notre étude a identifié plusieurs lacunes majeures dans la littérature consacrée à la santé numérique et à la télésanté dans les parcours de soins des patients atteints de cancer.
Plus précisément, il existe des potentiels d’amélioration en ayant de meilleures connaissances sur les populations concernées, sur les modalités d'interventions par santé numérique et télésanté, sur les modèles d’examen clinique à distance et sur les résultats de la mise en œuvre des interventions.
Les études qui comblent ces lacunes peuvent contribuer à améliorer les soins distanciels délivrés par la santé numérique et la télésanté à tous les patients atteints de cancer en précisant l’étendue de la recherche primaire et l’efficacité potentielle des interventions dans le vaste champ des soins distanciels pour soigner le cancer.
Opportunités dans le choix des populations.
La plupart des études incluses portent sur les interventions en santé numérique et en télésanté chez les personnes à risque de cancer (c.-à-d. prévention du cancer), celles qui reçoivent un traitement actifs (c.-à-d. patients) ou celles qui se sont rétablies du cancer (c.-à-d. survivants). Cependant, plusieurs sous-populations manquent dans ces études.
L'absence d'études dans les populations âgées atteintes de cancer.
Par exemple, aucune des études retenues ne s'est concentrée sur les patients âgés atteints de cancer, ce qui constitue une lacune considérable étant donné que plus de la moitié des personnes diagnostiquées d'un cancer sont âgées de 65 ans ou plus.
Bien que l'on suppose souvent que les interventions en santé numérique ou en télésanté ne conviennent pas aux personnes âgées, ce type de soins est pourtant très prometteur pour soutenir un vieillissement autonome. L'adoption des technologies numériques chez les personnes âgées continue d'augmenter, et les interventions en santé numérique et en télésanté peuvent aider à atténuer les obstacles courants aux soins de santé auxquels sont confrontées les personnes âgées, comme la ruralité et la pauvreté. Une étude portant sur des patients atteints d'un cancer uro-oncologique suggère un intérêt similaire pour la surveillance à distance des patients à l'aide des technologies numériques tant chez les patients âgés que chez les patients plus jeunes, les patients âgés se déclarant même prêts à s'engager dans les technologies numériques dans le cadre d'essais, plus fréquemment que les patients plus jeunes.
Trois revues ont abordé les interventions de télésanté chez les personnes confrontées à un cancer avancé, y compris celles en fin de vie. Il est important de caractériser l'utilisation et les avantages des interventions de santé numérique et de télésanté dans ces populations, car de nombreux patients atteints d'un cancer en phase terminale et leurs familles préfèrent les soins palliatifs à domicile plutôt que dans un établissement de soins de santé.
L'absence d'études chez les aidants familiaux.
Bien que les soins aux familles en deuil soient traditionnellement une composante de soins palliatifs complets et aient été inclus dans plusieurs des programmes de soins palliatifs de santé numérique et de télésanté couverts par cette revue, aucun des articles retenus n'a abordé spécifiquement le deuil des aidants familiaux. Ce résultat reflète l'accent limité mis sur les aidants familiaux en cancérologie dans l'ensemble des articles.
Toutefois, des études ont été conduites sur la santé numérique et les soins aux personnes en deuil par télésanté en dehors de l'oncologie. Étant donné que les besoins liés à la santé et les réactions au deuil des soignants et aidants diffèrent selon le contexte de la maladie, il est nécessaire d’explorer la disponibilité, l’efficacité et l’acceptabilité des interventions de santé numérique et de télésanté pour le deuil lié au cancer.
Opportunités dans le choix des interventions
Les interventions en santé numérique et en télésanté peuvent avoir des objectifs variés, comme la prise en charge des « soins cliniques à distance, de l’éducation des patients et des professionnels de la santé, de la santé publique et de l’administration de la santé ».
La plupart des études identifiées se sont concentrées sur les soins distanciels chez les patients atteints d'un cancer, mais aussi sur l’éducation des patients et sur la santé publique (c’est-à-dire les interventions de prévention du cancer), avec moins d’attention portée à l’éducation des professionnels et à l’administration de la santé.
Les services de télésanté synchrones pour les soins distanciels ont été les plus souvent étudiés, en partie en raison d’un historique de remboursement avant (et élargi pendant) la pandémie de COVID-19.
L'importance des politiques de remboursement professionnel.
Dans l’exemple des États et territoires américains, les services de télésanté avant la pandémie étaient remboursés par le gouvernement et les payeurs d’assurance maladie privés, bien que généralement avec des exigences telles que les patients devaient avoir déjà reçu des services dans un établissement de soins de santé agréé. Ces exigences ont été largement abandonnées pendant la pandémie de COVID-19, et les politiques de remboursement continuent d’évoluer. Le suivi des changements de politique de remboursement professionnel sera crucial pour optimiser l’utilisation et la diffusion des services de télésanté à l’avenir.
L'impact sur les collaborations professionnelles.
Cinq revues ont abordé les pratiques de santé numérique et de télésanté pour encourager la collaboration interdisciplinaire et la formation continue des prestataires de soins en oncologie, avec comme but ultime l'amélioration des soins oncologiques chez les patients. Cependant, aucune revue n’a abordé les outils pour améliorer le bien-être des professionnels de santé en oncologie. Étant donné le lourd tribut que la pandémie de COVID-19 a fait payer aux professionnels de santé, il existe une opportunité à mettre en place des interventions viables en matière de santé numérique et de télésanté pour atténuer les effets négatifs sur la santé au travail dans les situations de pandémie.
L'impact des technologies émergentes.
Peu d'études ont inclus des interventions avec des technologies émergentes (par exemple, les jeux sérieux et la réalité virtuelle) ou l’intégration avec l’Internet des objets (par exemple, les appareils portables et les haut-parleurs intelligents). Une exception notable a été une étude qui a décrit de manière exhaustive l’utilité et les résultats de l’application de l’Internet des objets aux soins distanciels chez les patients atteints d'un cancer. Compte tenu de l’évolution rapide des solutions techniques de la santé numérique, la mise à jour continue des publications de la littérature sera essentielle pour que le domaine reste à jour et pour identifier les nouvelles opportunités d’amélioration des interventions de santé numérique dans les soins distanciels contre le cancer.
Il n'y avait également qu'une seule revue axée sur les programmes de santé numérique délivrés sans l'intervention d'aucun personnel de soutien : une étude sur les applications mobiles qui utilisent l'IA pour diagnostiquer le cancer de la peau ou le mélanome à partir d'images de lésions cutanées, qui a conclu que les preuves étaient insuffisantes (au moment de l'examen) pour s'appuyer sur l'IA pour assurer tous les diagnostics.
L'usage de technologies automatisées.
Aucune revue ne s'est spécifiquement concentrée sur des interventions psychologiques, comportementales ou éducatives entièrement autoguidées délivrées sans l'aide d'un professionnel de santé. Bien qu'il y ait eu des études d'interventions qui pourraient vraisemblablement être entièrement automatisées, les critères d'éligibilité n'exigeaient pas une automatisation complète et l'intégration d'un soutien clinique n'était pas claire. Certains auteurs se sont concentrés sur les interventions autoguidées, mais ont inclus celles avec une facilitation minimale. Les effets sur la santé publique de l'inclusion de conseils professionnels doivent être soigneusement évalués. Les interventions de santé numérique qui incluent des conseils ont tendance à entraîner de plus grandes améliorations que les interventions autonomes. À l’inverse, les interventions entièrement automatisées offrent une plus grande évolutivité, une plus grande accessibilité et une meilleure rentabilité. Des examens rigoureux sur ce sujet pourraient aider à déterminer les avantages et les coûts de l’inclusion de conseils professionnels pour mieux décider quand un soutien plus ou moins important du clinicien est justifié.
Possibilités de revoir les modèles
Environ un cinquième des revues comprenaient une méta-analyse, et parmi celles-ci, la plupart comparaient les interventions de santé numérique et de télésanté aux soins habituels ou à tout autre type de comparateur. Une seule méta-analyse comparait la télésanté à la prestation de soins en présentiel. Cette étude unique a conclu que le conseil génétique par télésanté ne différait pas du conseil en présentiel en ce qui concerne l'état de détresse ou les connaissances des patients sur le cancer.
D'autres revues établissant comment les interventions de santé numérique et de télésanté destinées aux soins distanciels se comparent aux interventions en présentiel sur des résultats cliniques pourraient être importantes pour garantir que les soins distanciels de santé numérique et de télésanté puissent être remboursés ou demeurent remboursées après l'expiration des politiques d'urgence de santé publique liées au COVID-19.
La comparaison avec les soins en présentiel n'est cependant pas toujours pertinente dans chaque sujet de recherche. Par exemple, les payeurs pourraient vouloir savoir s'il est tout aussi bénéfique de consulter un professionnel en cabinet que par vidéoconférence, tandis que les consommateurs pourraient être plus intéressés par des informations pour mieux choisir entre deux ou plusieurs programmes de santé numérique et de télésanté. Il est important de noter qu’aucune des études n’a tenté de comparer entre elles les différentes interventions en matière de santé numérique et de télésanté.