Que retenir du webinaire consacré à la téléconsultation de premier recours?


Ce webinaire a été animé par le Dr Marion Lagneau, secrétaire générale du Think Tank Télésanté et Numérique en Santé.


Nous avons entendu trois intervenants, tous experts dans la téléconsultation de premier recours, qu'elle soit non programmée à l'initiative du citoyen ou programmée par le médecin traitant pour ses propres patients : le Dr Nicolas Leblanc est  directeur médical de la société de téléconsultation Livi,  le Dr Anne-Sylvie Poisson-Salomon, médecin spécialisée en pédiatrie et en épidémiologie, et co-autrice d’un livre de questionnaires pour la téléconsultation avec le Dr Marion Lagneau (https://telemedaction.org/422783742/livres-tlm-2023) et le Dr Ségolène Puechlong, jeune médecin généraliste ayant déjà plusieurs vies professionnelles, et notamment la pratique de la téléconsultation sur plateforme, mais aussi en tant que médecin traitant la téléconsultation programmée pour ses patients. Elle est également co-autrice d’un livre de télésémiologie ((https://telemedaction.org/422783742/livres-tlm-2023).


QUELS SONT LES POINTS CLÉS A RETENIR DES TROIS INTERVENTIONS ?


Le Dr Nicolas Leblanc s'est livré à un plaidoyer en faveur de l'Intégration de la téléconsultation sur plateforme dans le parcours des soins primaires. Il s'est appuyé en particulier sur l'histoire de la médecine distancielle qu'il nomme soin "phygital", terme initial inventé en 2013 par l'agence australienne Momentum. Ce terme est la contraction des mots "physique" et "digital" et décrivait à l'époque l'intégration des expériences numériques dans les points de vente physiques. Ce concept est né de la nécessité pour les commerces de s'adapter à l'essor du e-commerce tout en conservant les avantages des magasins physiques.

Le soin phygital serait une approche qui combine les éléments physiques et numériques pour améliorer l'organisation et la prestation des soins de santé, notamment à domicile

L'intervenant retrace l'histoire de la médecine à distance ou télémédecine en rappelant notamment l'avènement de la téléconsultation sur plateforme en France à partir de 2013. Enfin, dans une volonté de démystifier les centres de santé digitaux qui se sont développés en France à partir de 2018, il en présente les réalités actuelles et leur évolution depuis la LFSS 2023 qui encadre désormais la pratique de la téléconsultation non programmée sur plateforme.


Le Dr Anne-Sylvie Poisson-Salomon qui a une grande expérience des téléconsultations en pédiatrie rappelle les motifs et les spécificités de la démarche clinique pédiatrique sur plateforme : une bonne analyse de la demande des parents et une démarche clinique très rigoureuse. Elle rappelle les limites dans les motifs de consultation et dans la communication avec les parents à distance. Elle conclut qu'il existe environ 80% des situations chez l'enfant qui peuvent se faire en téléconsultation sur plateforme avec le consentement des parents.


Le Dr Ségolène Puechlong nous parle de la téléconsultation du médecin traitant. Elle s'appuie sur une enquête réalisée auprès de sa propre patientèle.

Elle précise les actes possibles à distance en médecine de ville. Elle en conclut que l'intérêt de cette pratique de la téléconsultation programmée est certain, tant pour les patients que pour le médecin traitant.

Toutefois, les limites sont rappelées. Elle incite à la prudence car tout motif de soins ne peut relever d'une téléconsultation.

Elle souligne la nécessité de formation à la télé sémiologie pour une téléconsultation de qualité, car il existe bien des spécificités de cet exercice, tant pour l’interrogatoire que pour la réalisation d’un examen physique guidé par le médecin à distance.


CONCLUSIONS


- La finalité de ce webinaire visait à démystifier une pratique qui soulève toujours des préoccupations et inquiétudes dans le corps médical… pour ne pas dire de véritables oppositions.

- Les intervenants se sont attachés à montrer que la téléconsultation, qu’elle soit faite sur plateforme ou avec son médecin traitant, n’est pas une médecine déshumanisée lorsque l'examen clinique n'est pas réalisé. Ce n'est pas non plus une médecine commerciale de supermarché visant seulement la rentabilité.

- Les trois intervenants suggèrent aussi que le terme de médecine de plateforme soit reconsidéré. On peut discuter du nom que pourra prendre à l’avenir la téléconsultation sur plateforme: soin digital ? soin distanciel ? soin digiphysique ou phygital ?

- La téléconsultation dans le soin de premier recours est en fait une autre forme de soins et s’intègre dans l’offre actuelle de prise en charge des citoyens.

- Il s’agit d’en connaitre et d’en respecter les limites, et de suivre des bonnes pratiques, cela peut passer par une formation spécifique en sémiologie de la médecine à distance.


Dr Marion Lagneau


Le replay du webinaire : https://lnkd.in/eyeaZTGm


29 novembre 2O24