Les points essentiels à retenir du webinaire du 25 avril consacré à la télésurveillance des patients porteurs de Dispositifs Electroniques Cardiaques Implantables (DECI).


Le webinaire du 25 avril 2024, organisé par le Think Tank Santé Numérique et Télésanté, était consacré à la télésurveillance des patients porteurs de Dispositifs Électroniques Cardiaques Implantables (DÉCI). L'équipe du service de rythmologie cardiaque du CHU de Lille était représentée par la Pre. Laurence Guédon-Moreau et les infirmières spécialisées dans la télésurveillance des DECI, mesdames Valérie Lerouge et Françoise Pinelli. Nous présentons ici les résumés de leurs interventions. Le webinaire était animé par la Pre. Lina Williatte, Professeure de Droit de la Santé à l'Université catholique de Lille.

Le replay sur You Tube : https://youtu.be/V19HpbNBCwY



L’EXPÉRIENCE DU SERVICE DE RYTHMOLOGIE CARDIAQUE DU CHU DE LILLE


Quel besoin médical ?

Les dispositifs électroniques cardiaques implantables (DÉCI) comportent les stimulateurs, les défibrillateurs et les moniteurs. Tous peuvent faire l’objet d’une télésurveillance.

Depuis près de 20 ans, ce sont plusieurs milliers de patients qui ont bénéficié au CHU de Lille de la mise en place d'un défibrillateur pour trouble grave du rythme cardiaque. L'impact sur la mortalité est évident lorsque l'intervention thérapeutique corrige immédiatement une fibrillation ventriculaire responsable d'un arrêt circulatoire.

La littérature scientifique a précisé que cette indication thérapeutique était du plus haut niveau de preuves. Environ 2 millions de personnes bénéficient de ce traitement à travers le monde.












Quelle organisation professionnelle mise en place ?

L’idée de la télésurveillance est née il y a plus de 20 ans, de l’analyse des raisons pour lesquelles les patients porteurs d’un défibrillateur se présentaient parfois dans le service d’urgence cardiologique. L’interrogation de leur défibrillateur faisait constater au rythmologue que s’il avait eu connaissance quelques jours auparavant des informations stockées dans le dispositif, il aurait pu mettre en œuvre des mesures permettant d’éviter la situation d’urgence. Ainsi est né le concept d’une télésurveillance des défibrillateurs.

Une première solution de télésurveillance a été développée et une organisation des soins s’est progressivement mise en place pour assurer la télésurveillance. Cette organisation comporte nécessairement un cardiologue rythmologue, souvent assisté d’un infirmier formé à la rythmologie et à la télésurveillance des DECI.












Quel est le fonctionnement actuel ? Quelles sont les compétences professionnelles mobilisées ?

Les cinq solutions du marché actuellement disponibles de télésurveillance, comme dans d’autres domaines, permettent le déclenchement de notifications, appelées aussi alertes, en cas de survenue d’un évènement indésirable, soit d’ordre technique sur le dispositif implanté, soit d’ordre clinique à savoir un trouble de rythme cardiaque.

Il existe une très nette plus-value de cette télésurveillance des DÉCI, raison pour laquelle ce mode de suivi des patients, couplé à un suivi présentiel, constitue une recommandation forte et à haut niveau de preuves de la part des sociétés savantes. La télésurveillance permet à l’équipe de soins d’être au chevet des patients qui ne vont pas bien et de ne pas importuner sans raison les patients dont la pathologie rythmologique est stable. Il permet au cardiologue rythmologue de concentrer son temps sur les problèmes. Pour ces raisons, patients et professionnels de santé ont très vite adhéré à la télésurveillance, ce d’autant qu’elle ne génère aucune implication de la part des patients.

Une nécessaire implication forte des infirmières spécialisées en rythmologie dans le télésuivi des patients porteurs d'un DÉCI. Selon ces infirmières qui ont témoigné au cours de ce webinaire, leur intervention dans la formation est essentielle et ne peut être remplacée par une formation qui serait seulement délivrée par les fournisseurs de DÉCI. Leur rôle est essentiel pour accompagner et rassurer les patients. Le contact par téléphone est fréquent et nécessaire. Chaque matin des jours ouvrables, l'équipe d'infirmières analyse avec le cardiologue rythmologue les alertes des dernières 24h parvenues à la plateforme de surveillance. Cette coopération médecin-infirmières est essentielle et permet aux infirmières nouvelles de se former. L'équipe d'infirmières du service de rythmologie est limitée à deux infirmières temps plein, alors que les recommandations des sociétés savantes sont de 5 infirmières pour une file active de 3500 patients (celle actuelle du CHU). Le financement des postes infirmiers repose sur les recettes reçues par le CHU pour cette activité (11 euros/mois/patient).










 


Quelles sont les difficultés rencontrées ?

Des difficultés sont néanmoins rencontrées et nécessitent de perfectionner cette activité. Des progrès technologiques sont encore nécessaires. Les centres de télésurveillance de DÉCI gagneraient en efficacité avec plus de formation à la télésurveillance, tant des rythmologues que des infirmiers. De plus, la plupart des centres pâtissent d’une insuffisance de ressources humaines, dont le nombre n’est pas en adéquation avec les recommandations des sociétés savantes.

Si la télésurveillance des stimulateurs et des défibrillateurs est maintenant financée dans le droit commun de l’assurance maladie, celle des moniteurs ne l'est pas encore. Si tous les patients porteurs d’un défibrillateur sont en principe concernés par une ALD, ce n’est pas le cas de nombreux de patients porteurs d’un stimulateur cardiaque, qui eux pourraient être réticents à la télésurveillance en raison d’un reste à charge notoire.

Les difficultés financières sont réelles, la dotation aux opérateurs (professionnels de santé) de l'établissement étant jugée insuffisante pour pouvoir recruter d'autres infirmières. Serait-il possible de mutualiser les plateformes de télésurveillance pour augmenter l'efficience ?


Pour en savoir plus sur les aspects réglementaires, éthiques et financiers.














30 avril 2024