Donner un médecin traitant à tous les patients en ALD et désengorger les urgences, we can do it !

Dans son allocution du 17 avril, le  président de la République (PR) annonce sa volonté que, d'ici fin 2023, chacune et chacun des 700 000 patient(e)s en ALD qui ont perdu leur médecin traitant en retrouve un nouveau, et que, d'ici fin 2024, les services d'urgences hospitaliers soient désengorgés. Nous avons entendu sur les plateaux des chaines de télévision certains commentateurs (souvent les mêmes depuis plusieurs années !) nous expliquer que de tels objectifs étaient irréalistes et ne pourraient être atteints aux motifs, d'une part que les médecins généralistes étaient surchargés de travail et qu'il faudrait attendre l'amélioration de la démographie médicale à partir de 2030 pour retrouver du temps médical supplémentaire, d'autre part que le problème des urgences était chronique depuis 20 ans et que ce n'était pas en 18 mois qu'on allait le résoudre, alors que nous vivons une pénurie de soignants à l'hôpital public.

Toujours les mêmes commentaires de la part de professionnels qui refusent de transférer aux pharmaciens, IPA, orthoptistes et masseurs-kinésithérapeutes, etc.  certaines taches médicales permises par la loi Rist depuis le 3 avril 2023 (https://www.vie-publique.fr/loi/277465-loi-rist-26-avril-2021-ameliorer-le-systeme-de-sante-par-la-confiance), les mêmes qui considèrent que la télémédecine est une forme dégradée de l'exercice médical et qui ont voulu l'encadrer dans un quota de 20% d'une activité annuelle (https://telemedaction.org/422016875/une-t-l-m-decine-plut-t-bottom-up-que-top-down), alors que le PR proposait un quota plus réaliste de 50% lors des voeux aux professionnels de santé (https://telemedaction.org/423570493/t-l-sant-dans-la-strat-gie-territoriale). Bref, des leaders de la profession médicale qui n'ont pas fait évoluer l'exercice professionnel depuis plusieurs décennies et qui font porter aujourd'hui la responsabilité des difficultés aux "technocrates" du pouvoir central qui ne prennent que des décisions "top down" et qui ne favorisent pas l'émergence de solutions "bottom up" (https://telemedaction.org/422016875/une-t-l-m-decine-plut-t-bottom-up-que-top-down)

(https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/02/28/convention-medicale-entre-les-medecins-et-l-assurance-maladie-quatre-mois-de-negociations-pour-un-echec-final_6163564_3224.html). Changeons de discours et regardons objectivement les solutions qui s'offrent aujourd'hui à nos concitoyens!


27 millions de consultations médicales qui ne sont pas honorées chaque année !


C'est un chiffre énorme, car il correspond à l'activité annuelle de 4000 médecins. Deux tiers de ces rendez-vous manqués seraient des premiers rendez-vous médicaux (https://www.conseil-national.medecin.fr/publications/communiques-presse/rendez-medicaux-honores), ce qui signifie que les médecins généralistes ont une disponibilité d'au moins 18 millions de consultations médicales pour accueillir de nouveaux patients !

Suivre un patient atteint d'une maladie chronique (c'est à dire une affection de longue durée ou ALD) nécessite en moyenne 4 consultations médicales chaque année (une par trimestre). Pour que chacune et chacun des 700 000 patient(e)s en ALD trouvent un médecin traitant il faut disposer de 3 millions de consultations médicales supplémentaires, soit le sixième de la disponibilité actuelle des médecins généralistes. L'objectif du PR d'offrir un médecin traitant à cette population en ALD et en deshérence de soins est donc tout à fait atteignable !

Sur les 20 millions de passages aux services d'urgences hospitaliers chaque année, 50% relèvent de soins de ville comme l'a très bien montré le rapport du médecin urgentiste d'Angoulême, le Dr Thomas Mesnier, rapport publié le 22 mai 2018 (https://sante.gouv.fr/ministere/documentation-et-publications-officielles/rapports/sante/article/rapport-assurer-le-premier-acces-aux-soins-organiser-les-soins-non-programmes). Cela signifie que 10 millions de consultations médicales en ville permettraient de désengorger les urgences hospitalières de 50%. Cette disponibilité existe donc dans les 27 millions de consultations non honorées chaque année. Les urgences hospitalières retrouveraient un fonctionnement normal, adapté à leurs moyens humains, si elles avaient seulement 10 millions de patients à prendre en charge chaque année. C'est donc bien un objectif atteignable si on prend en compte cette "disponibilité" des médecins généralistes de ville pour 27 millions de consultations médicales. Finalement, c'est une chance de pouvoir "mesurer" aujourd'hui cette disponibilité en médecine générale grâce aux plateformes numériques de rendez-vous !


La plateforme "Service d'Accès aux Soins" (SAS) peut réguler cette manne inattendue de disponibilité en médecine générale.


Ce n'est pas un hasard si le PR estime que de tels objectifs sont réalisables en 2023 et 2024. Il faut avoir une transparence complète des disponibilités en médecine générale, tant pour accueillir les patients en ALD qui recherchent un nouveau médecin traitant que pour répondre aux demandes de soins non-programmés qui n'ont rien à faire dans les services d'urgences hospitaliers.


Des CPTS qui orientent les patients en ALD vers un nouveau médecin traitant.

Chaque territoire de santé a des médecins généralistes dont des consultations médicales pour de "nouveaux patients" ne sont pas honorées. Ces patients qui ne respectent pas ce premier rendez-vous médical en présentiel sont le plus souvent des patients qui ont trouvé une téléconsultation médicale auprès d'une société de téléconsultation (https://telemedaction.org/437100423/453459149) le plus souvent pour une affections bénigne avec la recommandation donnée en fin de téléconsultation de consulter un médecin en présentiel si le problème persistait au bout de 3-4 jours. Le problème étant résolu, ils n'honorent pas le rendez-vous qu'ils avaient pris pour un examen clinique en présentiel.

La CPTS réunit des professionnels de santé de ville du premier et du second recours, des maisons de santé pluriprofessionnelles, des centres de santé, des équipes de soins primaires. D’autres acteurs ont également vocation à participer à la CPTS : des établissements et services de santé (hôpitaux publics et privés, hôpitaux de proximité, hospitalisation à domicile…), des acteurs du social et du médico-social (Ehpad, IME, Ssiad, CSAPA…), des acteurs de la prévention (centres de dépistage, associations...), les usagers et associations de patients.

Les quatre missions socles d'une CPTS : 1) améliorer l'accès aux soins en facilitant l’accès à un médecin traitant et en améliorant la prise en charge des soins non programmés en ville, 2) organiser les parcours pluri professionnels autour du patient, 3) développer des actions territoriales de prévention, 4) contribuer à apporter une réponse en cas de crise sanitaire.

Les CPTS, avec l'aide des CPAM, peuvent avoir connaissance des disponibilités de consultations en médecine générale au sein de leur territoire de santé.


Une plateforme SAS qui gère 7j/7 et 24h/24 les demandes de soins non programmées en les orientant vers un médecin du territoire disponible pour une consultation en présentiel ou une téléconsultation.

Les trois fonctionnalités de la plateforme SAS sont les suivantes ; 1) un annuaire national qui garantit une neutralité dans la recherche d’offre de soin, 2) un service agrégateur de disponibilités de créneaux des professionnels de santé via un interfaçage avec les logiciels de prise de rendez-vous, 3) une fluidification de la prise de rendez-vous des régulateurs pour le compte des patients depuis les logiciels de prise de rendez-vous.

La réponse à la demande de soins non-programmés passe désormais par une meilleure organisation entre les professionnels libéraux et les professionnels hospitaliers avec l'aide des CPTS. La généralisation du SAS devrait favoriser cette coopération indispensable et réduire d'au moins 50% les venues dans les services d'urgences  (https://evin-avocat.com/sante/vers-la-generalisation-du-service-dacces-aux-soins-sas/).


En résumé, cette réserve de 27 millions de consultations en médecine générale, dévoilée récemment grâce aux plateformes de rendez-vous, apporte des solutions pour les 700 000 patients en ALD qui recherchent un nouveau médecin traitant et pour réduire de 50% les "passages" dans les services d'urgences pour un motif qui relève des soins de ville. Le fonctionnement des services d'urgences ne peut qu'en être amélioré pour le plus grand bien des patients dont la venue dans ces services est justifiée. Tous les moyens humains et technologiques sont désormais en place pour parvenir d'ici la fin 2024 aux deux objectifs annoncés par le PR. Il faut donc sortir des arguments éculés et défaitistes sur la "crise du système de santé et de l'hôpital public", et souhaiter que les médias et les plateaux de télévision donnent à nos concitoyens une information objective sur les solutions qui existent. We can do it !


20 avril 2023