Que faut-il retenir du webinaire consacré à la téléradiologie ?


Ce Webinaire du 24 octobre 2024 fut animé par le Dr Olivier BABINET, Président du ThinkTank Télésanté et Numérique en Santé et co-auteur de la publication de l’ANAP sur la Téléradiologie en 2024 (https://www.anap.fr/s/article/deployer-sereinement-la-teleradiologie) avec les interventions du Dr Yann Hetmaniak, un des pionniers de la Téléradiologie en France depuis 2007, actuellement président de MEDIN +, et du Dr Olivier Babinet.


Un état des lieux de la téléradiologie en France


La téléradiologie n’est pas une activité de niche. La présentation du Dr Yann Hetmaniak, radiologue et Président du groupe Medin +, ainsi que les chiffres clés de l’activité radiologique en France, en particulier de ceux de la plateforme Medin +, montrent la place importante prise par cette forme de télémédecine.


Définition de la téléradiologie

C’est une activité spécialisée de la télémédecine, sans qu'il existe un lien direct entre le radiologue et le patient. C’est un manipulateur d'électroradiologie qui réalise l’acte d'imagerie, parfois avec la téléassistance du médecin radiologue qui assure l'interprétation. La téléradiologie combine les actes de "télédiagnostic" et de télé-expertise.


Les enjeux de la téléradiologie sont un sujet majeur de santé publique :

Elle est une solution pour lutter contre l’inégalité géographique d’accès à l’imagerie médicale, ainsi qu'à la pénurie de radiologues hospitaliers.

C’est le seul moyen de répondre à la croissance de la demande d’examens radiologiques : 3 millions d’actes/an (+ 55% IRM, + 30% scanners).

Concernant l'offre en médecins radiologues, il n'y a pas de vrai déficit de nombre, mais une inégalité dans la répartition sur le territoire.

o Une concentration de médecins radiologues sur le pourtour méditerranéen et dans la région parisienne, responsable de territoires insuffisamment fournis.

o 75% des médecins radiologues sont installés dans le privé ou ont une activité mixte (publique et privée)

o Un taux de vacance de postes élevé à l'hôpital : 46% des postes de radiologues temps plein et de temps partiel sont vacants. Cette pénurie est due en particulier aux inégalités de salaires entre le privé et le public,  ainsi qu'aux conditions de travail plus intenses du fait de cette pénurie de médecins.

Les parcs d’équipements augmentent davantage dans le privé que dans le public, en suivant les disparités régionales des radiologues installés.


L'adoption de la téléradiologie par l'hôpital public

Plus de 500 établissements publics de santé ont adopté la téléradiologie pour un usage exclusif ou partiel.

L’Intérêt de la téléradiologie pour ces établissements de santé est majeur.

La société Medin+ se positionne pour répondre à des enjeux tels que :

- Garantir la continuité des vacations programmées en journée

- Rechercher une solution stable à la permanence des soins en imagerie médicale,  la nuit et le week-end.

- Élargir l’offre de l’imagerie aux surspécialités d’organes : la téléradiologie permet en effet de compléter l’offre d'imagerie en neurologie, en ORL, en cardio-vasculaire, en pédiatrie, et d'autres spécialités rares.. Par exemple, il y a 200 radiologues pédiatres en France, et une dizaine exercent 30% de leur temps en téléradiologie sur Medin +.

- Trouver au niveau territorial une solution au déficit de l'offre en imagerie et fidéliser les radiologues dans un partenariat public-public ou public-privé, avec éventuellement la mise en place d'un plateau d’imagerie médicale mutualisé (PIMM).

Medin+ n’est pas le seul opérateur de téléradiologie

Actuellement, existent 5 opérateurs de téléradiologie en France comprenant tous une équipe médicale et une plateforme technologique : Medin+, Imadis, telediag, TIM, TMF


L'offre de Medin + :

- Installée dans 380 établissements de santé,

- 250 médecins radiologues sur la plateforme (tous médecins thésés)

- 60000 lectures d'imagerie à distance par an, à travers la plateforme Connect-in,

- Permanence des soins en imagerie dans les DOM par des médecins de métropole, favorisée par le décalage horaire

- Télémédecine nucléaire

- 48 h chrono pour les CPTS.

- 3 BRIQUES INCONTOURNABLES

      o Technologique : réseau, logiciel

      o Accompagnement : formation, risque juridique, qualité des comptes-rendus médicaux,

    o Communauté de médecins en France  tous inscrits au Conseil National de l'Ordre des Médecins,  complétant leur exercice professionnel par de la téléradiologie en y trouvant un intérêt communautaire.

- Et surtout : une téléradiologie corrélée au terrain, afin d’avoir un retour diagnostic et des médecins radiologues qui maintiennent leur compétence en téléradiologie.


L’acte de téléradiologie en pratique

- Le patient est informé des conditions de réalisation de l'acte et donne son consentement à la téléradiologie.

- La demande est validée par le téléradiologue au moment du rendez-vous, ce qui lui permet de préciser le protocole d’examen au manipulateur d'électroradiologie qui réalise l’image, cette dernière est ensuite transmise au téléradiologue pour interprétation.

- En présentiel le radiologue connait les manipulateurs d'électroradiologie, mais en distanciel le téléradiologue ne les connait pas, d'où la nécessité d'un protocole précis que l'on peut résumer de la manière suivante :

         - Acquisition d’image => circuit de l’image jusqu’au radiologue => interprétation en fonction du contexte clinique qui lui a été fourni au moment de la demande + rédaction du compte-rendu => autre circuit pour adresser le compte-rendu.

         - Le temps total pour un examen interprété lors d'une prise en charge en urgence est inférieur à 20 minutes

         - En dehors d'une urgence, les engagements des plateformes pour l'interprétation varient de 1 à 6 heures

Il faut pouvoir comparer les images à celles qui sont déjà dans le PACS de l’établissement, le préteching permet au téléradiologue de faire l’acquisition des images antérieures du patient sans déranger les personnes sur site.


Les points de vigilance


Connexion et interopérabilité avec le système de l’établissement : les connecteurs doivent être prévus au moment de l’installation (car sinon c’est cher) et donc notés dans le bon de commande.

La pertinence des actes est essentielle : pour la qualité de la prise en charge médicale, le contact électronique entre le prescripteur et le téléradiologue est indispensable

Un projet médical qui répond aux besoins : bien définir le besoin de l’établissement, car tout la qualité de l'acte de téléradiologie en découle : j’ai besoin de quoi pour faire quoi dans quel délai pour quels patients quels indicateurs de qualité

Le système d’information (SI) de l'établissement doit inclure les protocoles de téléradiologie.

     - Tout doit être pensé, (notamment l'horodatage),

     - Prévention des cyberattaques : il y en a plusieurs par jour, et elles doivent être anticipées. Les médecins doivent être attentifs

     - Le protocole est celui imposé au manipulateur d'électroradiologie est du téléradiologue (et non de l'établissement) : importance de l’organisation médico-soignante

    - Le patient doit être identifié par son INS (identité nationale de santé), ce qui n’est pas toujours le cas, car souvent le patient est juste identifié par son IPP (identifiant patient permanent) d’établissement. Il faut le prévoir.

     - Le compte-rendu doit être versé dans le DMP du patient (MES) par l’établissement requérant

     - Un retour du diagnostic final vers le téléradiologue doit être prévu par le SI, car il faut que le médecin radiologue entretienne ses compétences.

Il ne faut pas que la vitesse de réalisation nuise à la qualité

En cours de développement, un projet complémentaire DRIMbox pour faciliter la visibilité des images par les patients.


Conclusions


L’exercice en téléradiologie est une question de confiance et d’excellence dans la profession médicale et la communication entre praticiens est essentielle.

La téléradiologie est un exercice professionnel plus complexe et plus risqué pour le médecin radiologue : tout doit être mis en œuvre sur le plan technologique pour minimiser les risques : « primum non nocere »

La téléradiologie est simplement un outil ++ : c’est une technologie augmentée par l’humain.


Pour celles et ceux qui veulent revoir ce webinaire en replay sur You Tube : https://youtu.be/yw86JbHvYys?si=YCWephriN-UbWZ8q


7 novembre 2024