Construisons ensemble la médecine du XXIème siècle
Ce webinaire devait permettre aux membres du Think Tank télésanté et Numérique en Santé de découvrir une nouvelle façon d'évaluer le service rendu aux patients par la Valeur des soins appréciée par les patients eux-mêmes.
Deux spécialistes du VBHC (Value Based Health Care), les Drs. Maria-Belen Lopez et Virginie Luce-Garnier, étaient invitées par le Think Tank à nous faire découvrir cette nouvelle approche sur la Valeur des soins délivrés, méthode d'évaluation qui se développe dans plusieurs pays depuis une dizaine d'année, notamment dans le champ de la Santé Numérique et de la Télésanté (https://telemedaction.org/422021881/proms-et-sant-num-rique)(https://telemedaction.org/422021881/proms-et-sant-num-rique-2)(https://telemedaction.org/423570493/fiancement-de-la-sant-num-rique).
Le Dr. Maria-Belen Lopez rappelle au début de son exposé que la plupart des systèmes de santé dans le monde sont en grande difficulté due à la conjonction de trois facteurs :
1) des patients désorientés qui peinent à avoir un parcours de soins cohérent lorsqu’ils sont atteints de maladies chroniques,
2) des professionnels de santé en tension due à la pression quotidienne de la demande de soins qui ne fait que progresser avec le vieillissement des populations,
3) une distribution des ressources de plus en plus limitée qui oblige à rechercher des solutions pour le mieux possible avec de moins en moins de ressources.
Pour trouver des solutions, l’intervenante s’inspire du livre Redifining Health Care, co-écrit en 2006 par Michael E. Porter, professeur d’économie américain, enseignant à la Harvard Business School, et Elizabeth Olmsted Teisberg, professeur en ingénierie, enseignant à la McCombs School of Business d’Austin (université du Texas). Ces deux auteurs ont cocréé le concept nouveau des « soins de santé fondés sir la valeur" (VBHC).
La boussole pour cette nouvelle approche VBHC doit être la valeur pour les patients, autrement dit ce qui compte le plus pour eux. Cette valeur est obtenue en prenant en compte les résultats des soins, tels que le patient les vit au regard des ressources humaines mises en place pour y parvenir.
Les auteurs américains estiment que c’est une restructuration complète de la délivrance des soins qu’il faut mettre en place et non des corrections à la marge. Il faut réorganiser les soins autour des conditions médicales des patients en unités de pratique intégrées (UPis), c’est à dire des équipes pluridisciplinaires organisées autour d’une condition médicale et non d’une pathologie, un accompagnement continu des patients atteints de maladies chroniques, une collaboration et une coordination autour des résultats patients, reposant sur une infrastructure numérique indispensable pour partager l’information et suivre les indicateurs. Enfin, il faut mesurer les résultats et la coûts des ressources nécessaires à chaque patient.
Les méthodes de mesures sont les questionnaires PROMs (Patient-Reported Outcome Mrasures), c’est-à-dire ce qui compte pour les patients en dehors des indicateurs médicaux, les questionnaires PREMs (Patient-Reported Experience Measures), c’est-à-dire l’expérience vécue par le patient en matière de communication et de coordination des soins, enfin les CROMs (Clinician-Reported Outcome Measures), c’est-à-dire les observations cliniques des professionnels.
Sur le plan économique, les remboursements de la valeur des soins relèvent davantage de financements groupés ou forfaitaires sur la base de séquences de soins, que de financements à l’acte professionnel.
Le numérique en santé est considéré comme un accélérateur de la démarche VBHC.
Le Dr. Virginie Luce-Garnier nous décrit les outils numériques des systèmes d’information pour recueillir les indicateurs de résultats.
Il s’agit de mesurer les PROMs et les CROMs (voir ci-dessus).
Les PROMs sont recueillis dans des applications dédiés à ce recueil, les items relevant d’un consensus national et international.
Les CROMs sont dans le dossier patient informatisé (DPI).
PROMs et CROMs génèrent des données de santé qui sont déposées dans des entrepôts de données afin de pouvoir fournir un rapport individuel patient, un rapport individuel médecin, un rapport de cohorte de l’équipe médicale, un tableau de bord commun du parcours de soins.
Sont abordés ensuite les facteurs clés de succès du recueil des données : faire la promotion du VBHC auprès des professionnels, recueillir en ligne sur une plateforme numérique, faire des relances automatiques par mails, SMS, voire par téléphone. Pour que les patients ouvrent le questionnaire PROM, il faut personnaliser la demande, notamment au niveau du titre des mails. Le texte d’accompagnement doit être clair et précis. Des exemples sont donnés.
Comment sécuriser l’inscription des patients ? Il faut en particulier bien identifier la personne qui inscrit les patients et faciliter le processus. Il faut pouvoir récupérer, dans le Si de l’établissement, l’identité du patient, son mail, son numéro de téléphone et transmettre ces informations au prestataire qui fait le recueil.
Des difficultés techniques peuvent apparaître lorsque le prestataire crée sa propre solution avec une identité patient qui n’est pas celle du dossier médical informatisé. La fausse bonne idée serait de déléguer au patient l’initiative d’apporter les réponses.
Il faut bien identifier l’évènement (acte chirurgical, parcours de soins, etc.) que l’on souhaite évaluer. Plusieurs précautions sont rappelées. L’établissement de santé doit rester propriétaire des données et il faut garder la main sur l’analyse des données. Les données PROMs et CROMs doivent être recueillies sous forme structurée. Il faut imposer aux prestataires un dictionnaire des données de santé.
Le Dr. Pierre Simon rappelle certaines publications de la littérature internationale récente ((https://telemedaction.org/422021881/proms-et-sant-num-rique)(https://telemedaction.org/422021881/proms-et-sant-num-rique-2)(https://telemedaction.org/423570493/fiancement-de-la-sant-num-rique).) montrant l’intérêt de l’évaluation des parcours hybrides par la méthode du VBHC. Dans une période où la demande de soins augmente, notamment chez les patients atteints de maladies chroniques, alors que les ressources financières ont leurs limites, la méthode de la Valeur du service rendu aux patients (médical, social, personnel) peut donner des résultats de meilleure qualité que les parcours actuelles organisées en silo par pathologie, avec des financements individuels et non groupés.
Regarder le replay de ce webinaire sur la chaine YouTube du C3RD : https://youtu.be/wUhm1AQ7jSo
2 mai 2025